Séance du 10 novembre 2022
Fiction et croyance
De 18h à 20h en visioconférence : https://zoom.us/my/didier.vaudene
Prendre « fiction » au sérieux, c’est tenir les fictions à distance des disjonctions trop évidentes (vrai/faux, réel/illusion, actuel/virtuel, vérité/mensonge, etc.) pour analyser une construction fictionnelle comme l’articulation, via un dispositif médiateur, de deux dimensions d’interprétation et d’effectivité : d’une part, des effets fictionnels effectivement pris en charge par des interprètes qui s’affectent des effets qu’ils produisent et, d’autre part, des contreparties effectives produisant et soutenant la médiation qui rend possibles les effets fictionnels. Pas de film (effet fictionnel produit par un spectateur lors de la projection) sans film (pellicule médiatrice) ni film (tournage, montage, réalisation), pas de roman (effet fictionnel produit par un lecteur lors de la lecture) sans roman (livre médiateur) ni roman (écriture du roman, impression, diffusion), etc.
L’idée de fiction ainsi renouvelée devient un schéma d’interprétation qui peut être appliqué à des pratiques et à des contextes très divers, y compris théoriques et formels. Les constructions fictionnelles sont liées à des points de vue ou à des niveaux (ce que j’aperçois ici comme fiction peut être vécu là comme réalité ou croyance par autrui) et/ou à une historicité (ce que je croyais ou tenais hier pour une réalité ou une vérité, je le réinterprète aujourd’hui comme une fiction). On recroise ainsi la problématique transversale du « comme si », aussi bien dans les contextes philosophiques et juridiques que scientifiques.