Une contribution à l’étude des fondements de l’informatique
Thèse de doctorat d’État, Paris, 1992
Diverses évidences impliquées par la conception habituelle de l’écriture bloquent le dénouement de plusieurs problématiques liées, par exemple, aux transformations de programmes, aux niveaux de représentation, d’abstraction et de spécification, ainsi qu’à l’articulation entre l’informatique, les sciences expérimentales et les sciences exactes.
Compte-tenu de l’omniprésence de l’écriture dans les sciences, et plus particulièrement de son rôle médiateur à l’égard des théories formalisées (les théories de la calculabilité entre autres), le réexamen du rapport entre le savoir et l’écriture implique un réexamen de plusieurs évidences ou postulats relatifs aux fondements des sciences.
En montrant que la possibilité de réinterpréter des théories, déjà familière aux physiciens depuis un siècle, est un trait structural des théories fondées (et non pas une particularité des sciences expérimentales), il devient concevable d’en généraliser le principe à toute théorie scientifique (mathématique et logique y compris) pour conjuguer la récupération de l’acquis tangible antérieurement obtenu avec une réinterprétation de cet acquis relativement à de nouveaux postulats.
La réinterprétation proposée dans cette thèse conduit à mettre en évidence l’utilisation de régressions sans fin, de traces indécelables et de glissements d’écritures pour amorcer le dénouement de plusieurs problématiques actuellement ouvertes d’un point de vue théorique, celle des changements de niveaux en particulier.
Analyses transformatives et systèmes informatiques
Texte dactylographié, non disponible sur support électronique, 276 pages
Thèse de troisième cycle, Paris, 1977
Les descriptions de systèmes informatiques s’avèrent à la fois indispensables et insaisissables : indispensables, en ce sens que l’élaboration d’un système ne se fait pas d’un seul coup et que les descriptions autorisent l’inscription de stades intermédiaires de l’élaboration ; insaisissables en ce sens que le rapport entre les descriptions et le système décrit (ou supposé tel) n’est jamais défini.
Les « analyses transformatives » peuvent se comprendre comme une sorte de transposition, au cas discret, de l’idée leibnizienne des transformations continues : le système final est obtenu par application d’une suite de transformations [discrètes] à une solution initiale supposée fonctionnellement correcte ; dans ce contexte, les descriptions intermédiaires sont des solutions intermédiaires produites au cours de ces transformations.
Le problème est alors repoussé d’un cran, car c’est maintenant le statut de la solution initiale qui fait difficulté : c’est une telle difficulté qu’on enveloppe ordinairement dans le terme « spécification »
Je montre que, dans le cas des systèmes informatiques, les transformations introduites (dont les schémas élémentaires sont en très petit nombre) sont suffisamment puissantes pour que toute solution initiale (donc toute spécification) puisse se comprendre comme le résultat de l’application d’une suite de transformations à un « germe » qu’on peut aisément concevoir comme une sorte de fonction identité (ce germe est analogue au point d’où procèdent les transformations continues de Leibniz).
De manière synthétique, c’est un même jeu de transformations qui permet de passer du « germe » au système définitif, de sorte que, dans ce contexte des analyses transformatives, il y a continuité entre analyse et implémentation.