De l’information à l’écriture
Fichier pdf, 500 Ko, 19 pages
(Version révisée et complétée en avril 2023)
Revue Intelligibilité du numérique, 2|2021. [En ligne]
https://doi.org/10.34745/numerev_1705
L’écriture ordinaire associe la variabilité des supports et la persistance de la forme des tracés. L’information discrète non probabiliste (l’information usuelle de l’informaticien) est abordée via l’idée de traduction transphénoménale qui implique l’abandon de toute trace de phénoménalité et de forme des tracés empiriques pour ne retenir qu’un invariant de traduction déterminé comme une distinctivité mutuelle d’éléments indiscernables. Cet invariant fonctionne comme une symétrie où le degré de distinctivité, qui peut se comprendre comme une quantité d’information, a pour contrepartie une jauge d’indétermination, de même degré, correspondant à l’indiscernabilité des éléments. Cette approche permet de déplier la fiction qui assimile les traitements d’information à des manipulations de symboles.
The usual practice of writing combines the variability of the mediums and the persistence of the drawn shapes. Information (as meant by the computer engineer: discrete and not probabilistic) is approached with the idea of “transphenomenal translation” which removes any trace of phenomenality and empirical shape in order to retain nothing else than a translation invariant characterized as a mutual distinctivity of indiscernible elements. This invariant acts like a symmetry where the degree of distinctivity, which may be understood as a quantity of information, implies on the other hand a gauge of indetermination, with the same degree, corresponding to the indiscernibility of the elements. With this approach, I analyze the fiction stating that information processing is like symbols manipulation.
Un acheminement vers la question de l’écriture
Fichier pdf, 1.2 Mo, 41 pages
2009-2019
La question de l’écriture est rouverte comme égard pour le blanc (l’entre-deux), comme ce grâce à quoi il y a le [tracé en] noir, et en même temps comme ce qui empêche que tout puisse être écrit [en noir]. L’écriture, ainsi entendue en « noir et blanc », peut être comprise comme une médiation où ce qui se laisse déchiffrer au recto comme condition de possibilité (ce qui donne accès à…) est à déchiffrer au verso comme effet de limitation (ce qui empêche l’accès ultime à…).
Une telle compréhension de « écriture » généralise la compréhension ordinaire de l’écriture, et conduit à réinterpréter (et dépasser) cette compréhension pour délier l’écriture de toute phénoménalité particulière (graphique ou orale, signée, etc.) : peut prendre statut d’écriture (en ce sens renouvelé) tout ce qui peut être conservé dans le cours d’une traduction transphénoménale appropriée (une « même » écriture selon diverses phénoménalités).
Avoir égard pour le blanc, c’est aussi apercevoir l’écriture comme un déploiement : les blancs et les noirs sont faits de blanc et de noir, et chaque blanc et chaque noir peut être déplié grâce à un développement régressif sans fin. L’acheminement proposé dans ce texte conduit à une théorie de l’écriture (en ce sens renouvelé) qui peut être comprise comme un schéma très général de médiation et d’interprétation.
Feuillets d’abîme I (Le tambour de Braque)
Fichier pdf, 0.5 Mo, 15 pages
2018
Le point de départ est une phrase de Maurice Blanchot extraite de L’écriture du désastre, « Si tu écoutes “l’époque”, tu apprendras qu’elle te dit à voix basse, non pas de parler en son nom, mais de te taire en son nom », où viennent se nouer deux motifs, au moins, celui d’une structure d’inscription (se taire) et celui d’une historicité (l’époque), articulation singulière qui invite à esquisser comment le suspens d’une époque pourrait être envisagé ou mis en œuvre comme un se taire. Vouloir recueillir se taire comme une trace conduit à dépasser la conception ordinaire de la trace, liée à une distinction sensible entre ce qui fait trace et le fond qui lui fait entour (articulation qu’on dira horizontale ou en à-plat), pour proposer une approche différentielle (qu’on dira verticale) dans laquelle une trace est constituée comme la différence entre ce qui est phénoménalement présenté à la sensibilité (ce qui joue le rôle d’un fond avec trace) et ce qui est supposé qu’il y aurait s’il n’y avait pas cette trace (ce qui joue le rôle d’un fond sans trace). Le caractère hypothétique de ce qui joue le rôle du fond sans trace signifie qu’une trace, comprise en ce sens, procède d’une décision d’interprétation : une trace n’est donc jamais donnée comme telle dans la phénoménalité (puisqu’elle procède d’une décision d’interprétation), quoiqu’elle ne s’évapore pas dans l’immatérialité (puisqu’elle requiert la matérialité de ce qui est présenté à la sensibilité en rôle de fond avec trace).
Lorsque la distinction sensible entre fond et trace s’évanouit, la conception ordinaire ne détecte plus rien (il n’y a pas de trace), puisqu’elle dépend du fait que la distinction fond/trace soit accessible à la sensibilité. En revanche, un tel évanouissement ne supprime pas l’éventualité qu’il y ait trace au sens différentiel, puisque ce qui est en jeu n’est pas un contraste sensible entre un fond et une trace, mais la différence entre deux termes, l’un en rôle de fond avec trace, l’autre en rôle de fond sans trace. On pourra dire que de telles traces sont indécelables (sous-entendu : relativement à la conception ordinaire horizontale) bien qu’il y ait trace (au sens différentiel de l’articulation verticale).
Le texte explore diverses incidences et ramifications d’une telle approche différentielle. Il dégage l’effet de voile d’abîme qu’elle implique et en propose différentes « traductions ».
Dialectique des effets d’insu
Fichier pdf, 660 Ko, 26 pages
2017
Fichier pdf, 780 Ko, 45 pages
2017 (mise en page de la publication dans la revue Eikasia)
Renoncer à toute éventualité d’un fondement absolu, n’est-ce pas aussi renoncer à toute éventualité d’une conscience souveraine ou d’un sujet dépourvu d’ombre, même au plan transcendantal ? Comment dès lors imaginer que les discours puissent encore tenir [debout], au moins un temps ? Je propose de comprendre que les discours sont assujettis à des effets d’insu, hypothèse qui s’applique à tout discours en tant que discours – qu’il soit philosophique, scientifique (y compris logique et mathématique), etc., et même psychanalytique. On ne peut supprimer, contester, réfuter, etc., ce dont on n’a pas idée ; rien n’est donc aussi plus résistant… jusqu’au moment où « cela » vient à l’idée, du moins dans un contexte où il est devenu possible de le faire valoir. On peut alors comprendre que les effets d’insu conservent l’effectivité du renoncement au fondement absolu, autant parce qu’ils notifient une limite (ce dont on n’a pas idée demeure en retrait dans le discours), que parce qu’ils procurent une manière d’appui (un fondement certes provisoire et toujours révocable, mais que pourrait-on attendre de mieux s’il n’y a pas de fondement absolu ?). L’hypothèse des effets d’insu est solidaire d’une perspective dans laquelle une construction discursive est limitée par les conditions de sa propre possibilité ; elle ouvre sur une théorie des dépassements où ce sont moins des théories individuelles qui sont considérées que des filiations de théories, où chaque dépassement fondamental est corrélatif d’une réinterprétation des principes fondamentaux.
Conditions de possibilités et effets de limitations dans les théories et les modèles
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2016 (première rédaction en 1998)
Fichier pdf, 652 Ko, 15 pages
2016 (mise en page de la publication dans la revue Eikasia)
Une analyse attentive des conditions de possibilité des modélisations prédictives, en particulier dans le domaine des sciences expérimentales, montre que ces conditions de possibilités sont en même temps des conditions de limitations internes quant à ce qui peut être atteint par de telles modélisations
L’œil de la structure (théorie, médiation, trace)
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2005
Ce texte aborde la question « qu’est-ce qu’une théorie ? » d’un point de vue fondamental en l’articulant aux deux médiations de la parole et de l’écriture, médiations qui ouvrent sur la question de la trace.
Ce texte est suivi de deux études, l’une sur l’articulation entre modèle et paradigme, l’autre sur certaines impasses de la formule « adaequatio intellectus et rei »
Imagine le hors-voir
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2002
Ce texte interroge le statut de l’image dans son rapport aux procédures d’établissement du savoir, qu’il soit scientifique ou non, et analyse le principe du cinématographe comme une image de certains traits fondamentaux de la constitution d’un objet dans les sciences positives et de l’usage qui y est fait de l’écriture.
Ineffa[ça]ble, in[aper]çu
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1997
Prenant appui sur la distinction entre processus inconscients (qui intéressent les personnes) et effets d’insu (qui intéressent les discours), ce texte analyse la supposition qu’il y ait des effets d’insu (en particulier dans l’élaboration des savoirs) comme un dépassement (avec effet rétroactif) des idéaux d’une connaissance produite par une conscience souveraine et dépourvue d’ombre. Il s’ensuit une conception dans laquelle la connaissance est limitée par cela même qui constitue les conditions de sa propre possibilité.
Modélisation et représentation (aux bords de la positivité scientifique)
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1996
Les modèles n’ont pas un rapport immédiat (dépourvu de médiation) à la « réalité » : entre la « réalité » supposée modélisée et le modèle s’interpose l’exigence de recueillir cette « réalité » comme traces et comme rapports entre ces traces ; cette médiation des traces (et des écritures) est l’un des traits caractéristiques majeurs du savoir scientifique tel que nous le concevons actuellement.
Toutefois, cette médiation ne s’interpose pas seulement lorsqu’il s’agit de recueillir des données. Elle s’interpose aussi lorsqu’il s’agit de procéder aux vérifications et aux corroborations des modèles que nous élaborons : si c’est « grâce à » la médiation des traces qu’il est possible de procéder à des modélisations, c’est aussi « grâce à » cette même médiation qu’il est impossible de procéder effectivement à toute vérification « ultime » (ou « absolue ») de l’adéquation entre un modèle et la « réalité » supposée modélisée.
Écriture et formalisation
Fichier pdf, 230 Ko, 12 pages
1996
L’écriture, bien qu’omniprésente dans la formalisation logico-mathématique, passe en fait inaperçue : elle est supposée n’y jouer qu’un rôle purement instrumental (au même titre, par exemple, qu’une gomme ou un crayon).
Ce texte attire l’attention sur l’articulation entre les « noirs » (les lettres) et les « blancs » (qui séparent les lettres), sur le rôle des « blancs » et sur la dimension d’acte qu’ils impliquent (effectuation, interprétation), ainsi que sur les jeux d’écritures qui peuvent s’ensuivre.
L’utopie scientifique
Fichier pdf, 120 Ko, 9 pages
1996
Dans les Méditations métaphysiques, Descartes associe l’idéal d’un achèvement de la connaissance aux seules perfections – inatteignables – de la Divinité.
Comment traduire, en des termes qui soient aujourd’hui audibles, ce qui est devenu pour nous un « non-lieu » (utopie) de l’achèvement de la connaissance ?
Ce texte propose d’articuler ce « non-lieu » de l’achèvement à la supposition d’une origine elle-même inépuisable, à travers des filiations de théories ; ces filiations permettent d’esquisser quelques traits d’une théorie du dépassement des théories.
La tache blanche
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1994
Apologue qui se présente sous la forme d’une nouvelle mettant en scène quelques aspects de la problématique de la trace, plus particulièrement dans le cas de traces indécelables.
Trace/trace
Fichier pdf, 295 Ko, 15 pages
1994
Le mot trace est d’un usage théorique délicat dans la mesure où il est susceptible de glisser entre une acception qui comprend les traces comme matérielles et une acception qui comprend les traces comme résultant d’une interprétation.
[la problématique abordée dans ce texte n’est vraiment résolue, d’un point de vue théorique, que dans le texte « L’œil de la structure » de 1995, accessible plus haut]
L’écriture, une très ancienne « nouvelle technologie »
Fichier pdf, 203 Ko, 9 pages
1994
Sous couvert de parler de nouvelles technologies, d’informatique, et d’informatisation, c’est l’une des facettes de notre propre rapport à l’écriture que nous découvrons ou redécouvrons.
De l’autre côté de l’écriture
Fichier pdf, 93 Ko, 3 pages
1994
Dans le passage du support papier au support électronique, se joue aussi la continuité et le prolongement de la défaillance de l’écriture à l’endroit du couplage en dérive entre auteur et lecteur.
Trois questions relatives aux traitements d’information
Fichier pdf, 183 Ko, 10 pages
1993
Après avoir rappelé la situation indécise de l’informatique et des traitements de l’information discrète à l’égard du contexte scientifique actuel, je formule trois questions, de nature théorique et fondamentale, relatives à l’articulation entre les traitements d’information, les sciences expérimentales et les théories de la calculabilité.
Fondement de discours/discours de fondement
fichier pdf, 295 Ko, 15 pages
1993
Le mot fondement dit-il encore quelque chose aujourd’hui ? Que savons-nous, ou que disons-nous de fondement ? Y a-t-il lieu de reprendre le questionnement visant les fondements des discours, y compris ceux qui semblent les mieux établis ? Faut-il encore fonder les discours ? Et, si tel est le cas, pourquoi et comment faudrait-il fonder ?
Le glissement fondement/fondement
Fichier pdf, 97 Ko, 3 pages
1993
Le mot fondement est lié à un glissement qui l’infléchit tantôt vers l’idée de socle ou de soubassement, et tantôt vers l’idée d’un abîme sans fond : comment comprendre ce glissement ?
D’une expérience qui ne serait pas du « sans blanc »
Fichier pdf, 317 Ko, 17 pages
1993
Je suis initialement tombé par mégarde dans l’une des galeries d’un immense labyrinthe dont je n’ai pas soupçonné, pendant de nombreuses années, qu’il puisse conduire à la question des fondements, du moins telle que je la comprends actuellement.
Je propose brièvement et partiellement quelques repères permettant de situer un abord de la question des fondements qui soit peut-être audible aujourd’hui
Towards a theory of effective discrete systems
Fichier pdf, 217 Ko, 13 pages
1992
Il est usuel de relier directement aux ensembles et aux fonctions divers aspects des traitements d’information, des calculs effectifs et de la programmation.
Toutefois, malgré de nombreuses ressemblances formelles, certaines évidences courantes impliquées par une telle articulation occultent des problèmes ouverts et entrent en conflit avec plusieurs définitions et conceptions mathématiques standard.
Je propose de comprendre ces difficultés comme la contrepartie induite par l’absence d’une théorie des systèmes discrets effectifs et je présente quelques remarques et perspectives intéressant les fondements d’une telle théorie.
Communiquer, représenter, savoir : le jeu de l’indécelable
Fichier pdf, 262 Ko, 12 pages
1990
La fièvre positiviste qui s’est déclarée au cours du 19e siècle a gommé, dans le discours scientifique, l’héritage non positif auquel les sciences les mieux établies, élaborées ou remaniées à partir du 17e siècle, doivent pourtant leurs fondements.
Loin de consolider son caractère définitif grâce à une opérativité que nul ne saurait trivialement contester, cette amnésie apparente nous invite à reprendre le cours d’une méditation fréquemment suspendue pour en déceler les développements harmoniques audibles à notre époque : à quelles conditions la connaissance [positive] est-elle possible ?
Communiquer, représenter, savoir, trois verbes pour trois manières d’approcher un centre de gravité fondamental : les indécelables.
L’information : entre la parole et l’écrit
Fichier pdf, 203 Ko, 10 pages
1989
Le mot information renvoie tantôt à des traces supposées « porter » un « contenu », et tantôt aux « contenus » supposés « portés » par ces traces ; le mot information couvre donc un glissement qui a pour effet de suggérer implicitement l’identification des traces et de leurs « contenus » supposés ; ainsi, sous couvert de parler d’informatique et d’informatisation, c’est l’une des facettes de notre propre rapport à l’écriture que nous (re)découvrons.